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bres plus épaisses encore ; on ne distingua plus absolument rien, et l’on n’entendit aucun bruit.

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— Eh bien ! Fasillo, que dis-tu de ma vengeance ? demanda le Gitano à son jeune compagnon, après qu’ils se furent beaucoup éloignés du lougre au moyen des longs avirons de la tartane, qu’on avait soigneusement enveloppés, de façon que la manière mystérieuse dont le Gitano disparut pût passer aux yeux des Espagnols pour un nouveau prodige.

— Votre vengeance, commandant, votre vengeance ! Comment donc auriez-vous traité vos amis ? laisser ces misérables !… Par la Vierge ! si vous saviez ce que je souffrais en voyant la pauvre tartane tomber pièce à pièce sous le canon de ces lâches !

— Tu es un enfant, caro mio, si j’avais coulé ces misérables et leur lougre, qui l’aurait su ? on les croirait perdus dans le coup de vent, et demain deux autres lougres se mettraient de nouveau à ma poursuite. Demain, Fasillo, ni brik, ni frégate, ni vaisseau ne l’oseront, tant a été grande la terreur que j’ai su inspirer aux garde-côtes. J’aurais tué douze lâches. Je paralyserai le courage de dix mille braves, parce