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la nuit sombre, et l’on ne pouvait se voir à deux pas.

À la fin du premier verset, il se fit un silence, un profond silence. Massareo reprit seul :

— Dieu de bonté, qui veilles sur tes enfans et les défends contre Satan… Il ne put aller plus loin.

Lui, Iago et tout l’équipage restèrent pétrifiés sur le pont, les yeux fixes, hagards, et dans une effrayante immobilité.

— Sur ma parole,… je le crois…

Vous savez que la mer était bien calme, la nuit noire,… tout était noir. Eh bien ?

Un immense foyer d’une lumière rouge et éclatante s’embrasa tout à coup ; la mer, réfléchissant cette clarté flamboyante, roula des vagues de feu, l’atmosphère s’enflamma et les sommets des rochers de la Torra furent teints d’une lueur pourpre, comme si un vaste incendie eût dévoré la côte.

Cette lumineuse auréole était sillonnée en tous sens par de longs jets de flammes qui éclataient en mille étincelles, se croisaient en losanges ou retombaient en pluie d’or, d’azur ou de lumière. C’étaient des myriades d’ardens météores qui scintillaient en pétillant, de vifs et fréquens éclairs d’une blancheur éblouissante.