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de ce caractère saillant ; mais, ce caractère résumant à ses yeux tous les traits qui font l’homme supérieur, il le copiait comme une belle âme copie la vertu. S’il voulait partager ses périls, c’est qu’il était mû par une espèce de fatalisme, persuadé qu’il vivait de sa vie et qu’il mourrait de sa mort. Enfin cet homme bizarre était pour cet enfant passionné plus que père, ami, maîtresse, c’était une croyance.

Et de fait, ce composé d’audace et de sang froid, de cruauté et de sensibilité ; ce coup d’œil sûr et perçant du profond tacticien, joint à une promptitude d’exécution toujours justifiée par le succès ; ce langage tantôt chargé de couleurs orientales, tantôt dur et abrupt ; ces vastes connaissances, ces crimes que l’on comprend et que l’on excuse ; cet intérêt qui s’attache au proscrit ; cette existence flétrie si tôt ; les révélations amères de cette âme forte et généreuse, que le destin amène à prouver l’amour filial par un meurtre, l’amour fraternel par un meurtre encore ! Enfin, la vue de ce réprouvé, grand de tant de malheurs, tout cela devait fasciner une tête ardente et jeune. Aussi le Gitano exerçait sur Fasillo cette inévitable et puissante influence qu’un homme aussi extraordinaire de-