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et au bout de huit jours d’une vigoureuse défense, j’eus le bonheur de tomber mourant entre les mains d’un officier français qui favorisa ma fuite, et j’arrivai à Bayonne, de là à Paris.

— À Paris, commandant ! vous avez été à Paris ?

— Oui, mon enfant ; et là, vie neuve et singulière : je renoue connaissance avec un capitaine de navire que j’avais vu au Grand-Caire, au moment où il allait être décapité pour avoir levé le voile d’une des femmes d’un fellah. Je l’avais sauvé à bord de mon brick. Me retrouvant en France, il voulut me témoigner sa reconnaissance, et me présenta chez un petit nombre d’amis comme un Égyptien proscrit par l’inquisition. Alors, ce furent de si vives et de si chaudes protestations d’intérêt que j’en fus ému, Fasillo. Bientôt le cercle s’agrandit, et chacun voulut m’entendre raconter mon existence malheureuse. Moi, je m’y prêtai ; il est toujours doux de parler de ses malheurs à ceux qui vous plaignent, et il y a jusque dans l’infortune un misérable amour-propre qui vous pousse à dire : Voyez comme ma plaie saigne, voyez. Mais je fus cruellement puni de cette vanité de souf-