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Et les matelots !… Quelle nation pour celui qui comprend, qui sait creuser ces âmes profondes ! C’est un peuple puissant et faible : tantôt furieux comme un soldat par un jour de pillage ; tantôt timide et naïf comme un enfant, quand son navire est mollement bercé dans le calme ; en mer, complet et éprouvé, supportant les privations avec un dédain, avec une fermeté stoïque ; à terre, se plongeant dans tous les excès, s’adonnant à tous les plaisirs avec une ardeur qui ne peut se comparer qu’à la vigueur d’organisation déployée en de délirantes orgies ; à bord, couchant sur le pont, mangeant dans le fer ; à terre, poussant les recherches de l’ameublement et le luxe de la table à un degré inouï, dissipant en huit jours le fruit de deux ans d’épargnes involontaires.

Et au fait, le matelot, ce pauvre homme, ne doit-il pas oublier dans un joyeux festin, qui finit avec son or, et ces longs