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lui faire une dernière recommandation… — Souvenez-vous… — lui a-t-il dit avec un geste menaçant.

— Pour votre repos, je ne me souviendrai que trop !!! — a répondu M. Lugarto ; à quelque distance que je sois… je saurai vous atteindre. — Et après avoir montré le poing à M. de Mortagne, il a ordonné aux postillons de partir à toute bride… Oh ! Madame, il est impossible de voir quelque chose de plus hideux que la figure de cet homme au moment où il prononçait cette dernière menace : la haine, la vengeance, la terreur, la rage s’y confondaient dans une horrible agitation.

— Grand Dieu ! — m’écriai-je — il est capable, même en pays étranger, de comploter quelque perfide machination contre M. de Mortagne : cet homme trouve dans sa richesse tant de ressources pour assouvir son infernale méchanceté !

— Je partage vos craintes — me dit M. de Rochegune — et malheureusement je suis obligé d’abandonner M. de Mortagne… Sans cela… j’aurais veillé sur ses jours comme sur ceux de mon père…