Page:Sue - Mathilde, tome 3.djvu/96

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nairement sévère et hautaine, avait une expression d’ineffable bonté. Ses cheveux noirs recouvraient à peine une cicatrice récente et profonde qu’il avait au front, et que j’avais déjà remarquée lorsqu’il était venu me voir pour la première fois après ma maladie.

Malgré moi, mes yeux se remplirent de larmes, en songeant que j’avais été la cause involontaire du guet-apens où était tombé M. de Rochegune en venant s’informer de mes nouvelles auprès de Blondeau. Voulant rompre le silence, je lui dis :

— Vous ne souffrez plus… de cette blessure que vous avez reçue…

En entendant ma voix, M. de Rochegune tressaillit et se hâta de me répondre :

— Je ne souffre plus, Madame. — Puis, comme si ce sujet de conversation lui eût été gênant, il me dit d’un ton pénétré :

— Toute ma crainte maintenant est que ce misérable Lugarto, quoique hors de France, ne se venge de M. de Mortagne.

— Comment cela ?

— Ce matin cet homme est parti ; M. de Mortagne a voulu le voir monter en voiture et