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deur de cette belle et tiède journée, de ce luxe royal, de cette vie de fêtes, en songeant à un avenir plus enivrant encore, en se disant de tendres paroles d’amour, en échangeant de longs et brûlants regards… Peut-être même… la forêt est si touffue et si solitaire que Gontran, se penchant vers Ursule, embrasse sa taille svelte d’un bras amoureux et effleure ses joues vermeilles, encore animées par la course.

Oh ! rage ! oh ! douleur ! oh ! torture !… pensai-je… Et moi… moi… je suis là, brisée, flétrie, oubliée, moquée, car ils se moquent, ils rient de moi… de moi qui me promène paisiblement avec ce mari qu’on trompe, qu’on outrage !… Et c’est moi… c’est moi qui ai donné à cet homme pauvre et presque déshonoré le château où il courtise ma rivale, le luxe dont il l’éblouit, les plaisirs dont il l’enivre !

Oh ! mais cela est affreux ! affreux !… Cela ne peut pas durer… Je me lasse d’être stupidement malheureuse, je ne le veux plus, je ne le veux plus… J’ai là près de moi ce mari honnête et bon qu’on bafoue, qu’on offense… Éclairons-le… Ce n’est pas dénoncer la perfi-