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peine interrompues par le bruit de la chasse qui, de temps en temps, traversait les larges allées convergentes aux ronds-points où nous allions nous placer pour la voir passer, guidés par un des hommes de l’équipage de M. de Lancry.

Ce qui me causait une impression profonde, fatale, étrange, c’était de voir de temps en temps rapidement apparaître au fond de quelque route ombreuse Gontran et Ursule toujours côte à côte. Le son éloigné et mélancolique des trompes qui résonnaient dans les hautes futaies noyées d’ombres, les sourds aboiements de la meute me semblaient sinistres, effrayants… Hélas ! la triste disposition de l’esprit et de l’âme couvre de voiles de deuil les objets les plus riants, et cherche de lugubres présages dans ce qui cause la joie et l’enivrement de tous…

M. Sécherin était si transporté du spectacle mouvant qu’il avait sous les yeux qu’il ne remarquait pas mon état de langueur et de tristesse ; le malaise dont je me ressentais depuis quelque temps augmentait de plus en plus. Souvent j’éprouvais des tressaillements in-