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jeta un regard brillant sur Gontran comme pour lui dire que c’était sa présence qui lui donnait tant de courage.

— Eh bien ! ma cousine — s’écria M. Sécherin — qu’est-ce que je vous avais dit ? Est-elle hardie ? avouez que c’est un vrai page !

— Un vérité, madame — dit Gontran en s’approchant tout ému — je ne reviens pas de votre intrépidité, de votre grâce. On oublie le danger que vous courez pour ne songer qu’à vous admirer.

— Oh ! c’est si amusant de monter à cheval ! — dit naïvement Ursule. Et s’adressant à moi : — Comment te prives-tu de ce ravissant plaisir ? Pour nous autres femmes, surtout, quel bonheur de pouvoir, malgré notre faiblesse, maîtriser, dompter, dominer, un être qui nous tuerait mille fois si l’on n’opposait l’adresse à la force, une volonté intelligente à son entêtement brutal.

Ceci est un peu l’histoire de votre domination en général — dit Gontran en souriant — et vous nous domptez, nous autres hommes, à peu près selon les mêmes principes et par les mêmes moyens… Mais, mon Dieu ! qu’avez-