Page:Sue - Mathilde, tome 3.djvu/375

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment si naturel, qu’elle ne semblait courir aucun danger.

— Bravo, ma cousine, à merveille — s’écria Gontran sans pouvoir cacher son admiration — quel sang-froid ! quel courage !

Encore excitée par cette approbation, Ursule voulut vaincre l’obstination de sa jument et la forcer de s’approcher de la voiture. Quelques nouveaux coups de cravache, assénés d’une main ferme, décidèrent Stella après une nouvelle lutte de quelques instants, lutte pendant laquelle la jument bondit au lieu de se cabrer. Ursule, dont la taille ronde, fine et cambrée ondulait avec la souplesse d’une couleuvre, suivit avec tant de grâce les mouvements désordonnés de sa monture, qu’elle ne fut pas déplacée un moment.

Cet incident, que j’espérais voir tourner contre ma cousine, ne servit qu’à lui prêter un nouveau charme ; elle dompta l’indocile animal, le força de rester près de la voiture. Alors se courbant légèrement sur sa selle, Ursule, fière, souriante, caressant le cou nerveux de Stella de sa petite main blanche, qu’elle déganta coquettement, jouit de son triomphe et