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sait son mari ; j’espérais que cela n’était pas ; je désirais qu’il lui arrivât, non pas un dangereux accident, mais quelque mésaventure qui pût la rendre ridicule aux yeux de Gontran, et la punît de son outrecuidance.

Hélas ! je n’eus pas cette misérable satisfaction. Lorsque ma cousine nous rejoignit à cheval avec mon mari, je fus forcée de la trouver plus jolie que je ne l’avais jamais vue.

À ce propos, je n’ai jamais compris comment la jalousie niait ou dénaturait les avantages d’une rivale ; au contraire, j’ai toujours été portée à me les exagérer. Mais sans exagération, Ursule était si parfaitement élégante et gracieuse à cheval, que je fus sur le point d’en pleurer de dépit.

Je la vois encore : son habit de cheval, de drap bleu foncé, dont la longue jupe traînait presque jusqu’à terre, était à corsage et à manches justes : il dessinait à ravir sa taille charmante ; elle portait un chapeau d’homme et un col de chemise rabattu sur une petite cravate de satin cerise ; sa jolie figure, si fraîche et si rose, devait à ce costume un air mutin, décidé, qui lui seyait à merveille ; ses beaux