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nes, ces simples et nobles paroles me redonnèrent du courage.

Ursule et son mari rentrèrent. Je trouvai ma cousine si jolie, si fraîche, si rose, ses yeux étaient à la fois si doux et si brillants, son sourire si fin et si agaçant, sa taille si accomplie, que je jetai les yeux sur une glace placée en face de moi pour me comparer avec Ursule.

Hélas ! je remarquai avec douleur que j’étais pâle, que mes traits étaient changés, flétris, languissants, car depuis quelque temps je me trouvais souffrante, j’éprouvais toujours un malaise vague, un accablement douloureux que j’attribuais au chagrin et qui augmentait sans cesse. Pour la première fois, je m’aperçus que mon visage avait déjà perdu cette première fleur de jeunesse qui rendait les traits d’Ursule si enchanteurs.

Le dîner fut très gai, grâce à mon mari qui y mit beaucoup d’enjouement et d’entrain. Ursule était visiblement gênée, elle craignait de paraître trop gaie à mes yeux et de perdre ainsi son prestige mélancolique ; d’un autre côté, elle regrettait de ne pouvoir se montrer