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— Je ne suis pas folle, Gontran… L’instinct de mon cœur ne me trompe pas.

— S’il en est ainsi, vous allez lui rendre le séjour de Maran bien agréable ! cette vision promet !… Il est dit qu’avec vous on n’a jamais un moment de repos. Ah ! quel malheureux caractère vous avez… et pour vous et pour les autres.

— Mais mon Dieu… ce n’est pas ma faute si j’ai des soupçons… si…

— Mais encore un fois, vos soupçons n’ont pas le sens commun ; réfléchissez donc que c’est m’accuser sans raison, que c’est vous tourmenter sans motif.

— Vrai ? bien vrai ? Gontran, soyez généreux ! rassurez-moi… j’ai tant de frayeur.

— Pauvre Mathilde… — me dit Gontran avec une dignité touchante, je ne vous parlerai plus de mon amour, vous ne me croiriez plus peut-être, mais je vous dirai que M. Sécherin, notre parent, vient habiter chez nous, et que je serais un misérable si je songeais seulement à abuser aussi lâchement de l’hospitalité que nous lui offrons.

Je serrai la main de Gontran dans les mien-