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amertume que je n’avais plus la sécurité confiante de la jeune fille, et que je ne possédais pas encore la résignation morne que les chagrins ont laissée à sa mère.

Je réfléchissais aux douleurs que j’aurais encore à subir avant que d’arriver, comme madame de Richeville, au renoncement de toutes les espérances humaines. L’âge d’action de la femme, si cela se peut dire, s’étend surtout de quinze à trente ans. Emma, moi et madame de Richeville nous réunissions ces trois périodes de la vie, le calme innocent et pur, la tourmente orageuse des passions, et l’accablement qui leur succède alors que meurtri dans la lutte, le cœur cherche le repos dans l’oubli. ......

Madame de Richeville répugnait à voir Gontran. À la fin de la journée elle me quitta. Elle n’avait pas reçu de nouvelles de M. de Mortagne ; il n’avait pas répondu à la lettre que je lui avais écrite pour le prévenir de l’intention où était mon mari de vendre Maran.

Je ressentis quelques inquiétudes. Madame de Richeville me promit de m’écrire aussitôt son arrivée à Paris pour me rassurer à ce su-