Page:Sue - Mathilde, tome 3.djvu/341

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

écrase son mari de travail, afin d’être bientôt en état de mener à Paris une vie opulente. Que demain M. Sécherin sache qu’Ursule le trompe, demain il l’abandonne, et Ursule redevient pauvre, sans autre ressource que sa dot. Elle s’est mariée pour être riche, et elle sacrifiera beaucoup, si ce n’est tout, à la conservation de cette fortune.

— Ah ! Madame, son mari l’aime tant, il est si bon, si faible.

— D’après ce que vous m’avez dit de lui, il est aussi courageux qu’honnête et dévoué ; jamais de tels caractères ne transigent avec l’honneur et ne descendent à des lâchetés. Il adore sa femme ; du moment où il sera certain qu’elle le déshonore, il l’abandonnera ; il sera atrocement malheureux peut-être, mais il ne la reverra jamais.

— Me conseillez-vous donc de dénoncer Ursule ? — m’écriai-je.

— Je vous conseille, mon enfant, d’attendre ici votre cousine, et le même jour de son arrivée de lui dire avec calme et fermeté : « Votre voyage à Maran était concerté avec mon mari, je ne suis pas votre dupe, je vous déclare