Page:Sue - Mathilde, tome 3.djvu/340

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vous m’avez dit, je ne doute pas que votre cousine n’ait été pour lui d’une coquetterie brusque et provocante… Leur intelligence se sera établie sur-le-champ ; sans le hasard qui vous a permis de surprendre quelques mots de leur entretien, vos soupçons n’eussent pas été éveillés.

— Mais que faire, mon Dieu ! que faire ? Une fois ma cousine ici, madame, mon malheur sera certain ; Gontran n’aura de soins que pour elle, ma vie sera un supplice de tous les instants.

— Ne croyez pas cela, au contraire. Si vous suivez mes avis, Ursule ne restera que quelques jours chez vous ; pendant ce temps, elle repoussera jusqu’aux moindres prévenances de votre mari.

— Que dites-vous, madame ?

— Écoutez-moi, Mathilde. Votre cousine, cette femme si mélancolique, si romanesque, tient, avant tout, à l’influence qu’elle exerce sur son mari. Pour assurer cette influence, rien ne lui coûte, elle flatte sa vulgarité, elle la partage, elle l’exagère, c’est tout simple. Ursule est orgueilleuse, cupide et pauvre ; elle