Page:Sue - Mathilde, tome 3.djvu/338

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

parlons de vous… je vous en supplie… ne me cachez rien. Croyez-moi, l’expérience du malheur mûrit la raison, mes conseils pourront vous être utiles.

Après un moment d’hésitation, je racontai à madame de Richeville tous les motifs que j’avais d’être jalouse d’Ursule, mes soupçons sur sa liaison avec M. Chopinelle, ce que j’avais surpris de son entretien avec mon mari, et enfin mon appréhension de l’arrivée prochaine de ma cousine.

Madame de Richeville me dit :

— Mathilde, vous aimez toujours passionnément votre mari… tant mieux, c’est une sainte et noble chose qu’un amour comme le vôtre ; sans doute on souffre, mais le cœur est plein, et cette ardeur fiévreuse et inquiète vaut mieux que le vide et le néant. Votre cousine me paraît très dangereuse. Autrefois mademoiselle de Maran vous exaltait toujours aux dépens d’Ursule avec une méchanceté profondément calculée. Elle savait que les femmes de ce caractère n’oublient rien, que chez elles les blessures de l’orgueil sont incurables. Ursule voudra se venger sur vous des