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que, et puis… mais, pardon… pardon, Mathilde, excusez une pauvre mère ; mais je trouve si rarement l’occasion de dire ma fille, que j’abuse…

— Ah ! pouvez-vous le croire, madame ? pensez-vous que je ne sente pas combien la contrainte que vous vous imposez doit vous être pénible ?

— Oui… oh ! oui… bien pénible, Mathilde, surtout lorsque je suis seule avec Emma ; quoique je l’accable de tendresse, quoiqu’elle m’aime tendrement, hélas ! elle ne sait pas… elle ne saura jamais que je suis sa mère… Il me semble que si elle le savait elle m’aimerait autrement ; il me semble que sa voix aurait un autre accent, ses yeux un autre regard ; je ne suis pour elle qu’une parente étrangère qu’elle a vue bien rarement. Que serait-ce donc si elle savait que je suis sa mère… Quelquefois je suis sur le point de lui tout avouer, mais la honte me retient… Jamais je ne m’exposerai à rougir devant cet ange. Mais encore pardon, Mathilde, de tant vous parler de moi… Maintenant vous savez ma vie, vous imiterez ma confiance… Maintenant, Mathilde,