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peut-être… les vœux que je ferai pour le bonheur de ma fille.

Il y avait dans les paroles, dans l’aveu de madame de Richeville, tant de simplicité, elle annonçait une résolution si ferme, et si sincère, que j’en fus profondément émue.

J’étais aussi touchée de la voir, elle si belle, si jeune encore, car elle avait au plus trente-quatre ou trente-cinq ans, se dévouer à une retraite profonde et renoncer au monde où elle pouvait encore briller de tant d’avantages.

— Ah ! madame, — lui dis-je, — comment Dieu ne vous prendrait-il pas en pitié et en grâce ?

— Il a déjà été si miséricordieux en me rendant ma fille, en la douant si bien, car vous n’avez pas d’idée des qualités adorables de cette enfant ; si vous saviez quel cœur, quelle âme, quel esprit enchanteur ! Non, l’amour maternel ne m’aveugle pas… — dit la duchesse sans pouvoir retenir ses larmes — il est impossible de rencontrer plus de bonté jointe à plus de noblesse, à plus de droiture, et puis une sensibilité si expansive, si vraie… Tenez, son âme se lit dans son regard angéli-