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vienne le briser… Voyez-vous, j’ai été trop coupable pour avoir droit à une pareille félicité — ajouta madame de Richeville avec un profond soupir.

— Ah ! ne croyez pas cela, madame, Dieu pardonne tant au repentir !

— Qu’il vous entende, Mathilde !

— Eh ! où allez-vous à cette heure, madame ?

— À Paris ; je me retirerai au couvent du Sacré-Cœur, où je vais mener Emma. Elle passera pour une orpheline de mes parentes. La supérieure du couvent m’abandonne un petit appartement dans cette sainte maison ; c’est là où je vivrai désormais. Lorsque Emma sera en âge d’être mariée, je prierai M. de Mortagne, vous, Mathilde, vous qui connaîtrez le triste secret de sa naissance, de chercher un homme assez généreux pour ne pas rendre cette pauvre enfant responsable de la faute de sa mère. Je lui abandonnerai le reste de ma fortune, à la réserve d’une modique pension ; je consacrerai ma vie désormais à l’expiation de mes erreurs, et Dieu exaucera