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quelque preuve d’affection sérieuse, je les comprenais à peine, je croyais sortir d’un songe, leurs prétentions m’indignaient. Leur dépit, leur haine de se voir trompés dans des espérances que j’avais malheureusement encouragées fomentaient d’abominables calomnies, dont j’étais victime et auxquelles vous avez entendu mademoiselle de Maran faire de si cruelles allusions… Alors me voyant injustement attaquée, indignée de la méchanceté du monde, je cherchais un refuge dans la prière ; ne pouvant rien éprouver sans exagération, je me vouais aux austérités les plus rigoureuses, je me couvrais d’un cilice, je vivais des mois entiers dans la plus profonde solitude ; mais en vain je demandais à Dieu le repos, Dieu ne m’entendait pas, il voyait de l’impiété dans ces prières désespérées, violentes, dans ces velléités de religion auxquelles je ne me livrais que par accès et comme pour me venger des médisances que ma légèreté avait provoquées ; après tant de luttes, après tant d’amères déceptions, je voulus chercher une dernière consolation dans l’amour, ou plutôt j’espérai de faire re-