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monde une mémoire sacrée pour moi… celle du père d’Emma…

— Il n’existe plus, madame ?

— Non, depuis six ans… Il est mort — dit madame de Richeville en portant ses mains à son front avec une douloureuse émotion. Elle reprit :

En présence de tant de raisons qui me faisaient redouter le scandale dont me menaçait M. de Richeville si je n’exécutais pas ses volontés, je consentis à tout… En homme de prévoyance — ajouta la duchesse avec un sourire amer — mon mari avait amené un de ses gens d’affaires ; les actes étaient préparés. Là, près du lit de ma fille, je signai l’abandon de la moitié de ma fortune. En échange de cette donation, les lettres de M. de Lancry, celles qui se rattachaient à la naissance d’Emma me furent rendues ; grâce au ciel, maintenant mon mari se trouve désarmé contre moi.

— Oh ! cela est bien misérable ! — m’écriai-je ; — près d’un lit de mort… venir imposer de telles conditions !

— À cette heure, Mathilde — me dit la