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de cette malheureuse Emma, et s’était servi de cette affreuse nouvelle pour m’éloigner de Paris ; je pouvais nuire à ses perfides projets sur vous, et ma présence auprès d’Emma devait servir de preuve à ses dénonciations. Ses perfidies avaient été bien calculées ; je pleurais au chevet d’Emma presqu’à l’agonie ; mon mari arriva. Nous étions tacitement séparés depuis plusieurs années ; la conduite de M. de Richeville, dans cette occasion, vous le fera connaître. — Cette fille est à vous ? me dit-il. — Hélas ! au moment de voir descendre cet ange au tombeau, moi… brisée par le désespoir, par le remords d’une faute que le ciel punissait d’un si terrible châtiment, je n’osais pas, je ne voulais pas mentir.

— Comment — m’écriai-je — en interrompant madame de Richeville — Emma !…

— Emma est ma fille — répondit la duchesse, en baissant les yeux avec confusion. Je ne pus retenir un mouvement que madame de Richeville prit pour un reproche, elle se hâta d’ajouter :

— Oh ! ne me condamnez pas avant de m’avoir entendue… Sans doute je fus coupa-