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campagne, en Anjou, chez le fermier Anselme. Cela était encore vrai… Je sais quelle est la mère… quel est le père de cette jeune fille — ajouta-t-il ; — puis, après avoir un instant joui de mon effroi, il ajouta lentement ces dernières paroles avec une expression de triomphe infernal : — « Cette jeune fille est à la mort depuis trois jours… à cette heure elle n’existe peut-être plus. » Puis il sortit en disant : — « Je traiterai toujours comme mes ennemis acharnés ceux qui sont les amis de Mortagne, de Rochegune ou de Mathilde. Maintenant que je sais le mystère de la naissance d’Emma, vous savez comment je me vengerai, qu’elle meure ou qu’elle vive, ce qui n’est guère probable… » Mon premier cri, en sortant de l’espèce d’anéantissement où m’avait jetée cette révélation, fut pour demander des chevaux Je partis pour l’Anjou le soir même. Ce démon ne m’avait pas trompée, Emma était mourante.

— Grand Dieu ! Madame !

M. Lugarto avait su par mademoiselle Albin, misérable créature qu’il avait gagnée à prix d’or ; il avait su, dis-je, l’état désespéré