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isolée. Je fus heureuse de la discrétion de M. de Mortagne. Il m’eût été pénible d’avoir à rougir de mon mari.

— En effet, madame, M. Lugarto nous a fait autant de mal qu’il a pu, mais, Dieu merci, il est hors de France à cette heure… Mais, vous-même, n’avez-vous pas à vous en plaindre aussi ?

— Il m’a fait connaître la plus grande douleur que j’aie ressentie de ma vie.

— Madame, pardon… pardon… L’intérêt que vous me portiez a peut-être été la cause de sa haine contre vous ?

— Pourquoi vous le nier, pauvre enfant ?… cela est vrai… il connaissait la vive amitié qui m’attachait à M. de Mortagne, et nécessairement à vous. Il a voulu m’éloigner, et vous priver ainsi d’une amie au moment où vous aviez surtout besoin d’elle.

— Et vous m’avez accusée peut-être… moi la cause involontaire de vos chagrins…

— Non, non, Mathilde ; hélas ! j’étais si malheureuse que je me suis au contraire reproché depuis de n’avoir que bien rarement songé à vous au milieu du malheur qui me frappait…