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Je n’avais pas encore attentivement examiné cette jeune fille. Je restai frappée d’admiration. Quoiqu’elle eût quatorze ans à peine, elle paraissait en avoir seize à cause de sa taille svelte, élégante et élevée. L’azur de ses grands yeux bleus était, pour ainsi dire, limpide et transparent ; son nez fin et droit, sa petite bouche vermeille étaient d’une perfection rare ; son front d’ivoire et ses joues d’une blancheur rosée étaient encadrés de bandeaux d’admirables cheveux blonds cendrés légèrement ondulés, et si épais, malgré leur finesse, qu’ils formaient derrière la tête d’Emma une énorme tresse plusieurs fois roulée sur elle-même.

Cette ravissante figure, d’un ovale un peu allongé, réalisait l’idéal de la beauté antique. Malgré l’extrême jeunesse de mademoiselle de Lostanges, ses traits, son ensemble, son maintien lui donnaient une apparence de candeur sérieuse, de gravité douce, de sérénité noble qui imposait et charmait à la fois. Son regard, surtout, avait une expression de mansuétude angélique qui, malgré moi, me fit venir les larmes aux yeux…