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pouvais croire mes yeux. Rien pourtant n’était plus naturel en apparence ; vingt fois nous étions convenus avec Ursule qu’elle viendrait passer quelque temps avec moi ; mais alors je la croyais encore mon amie, ma sœur.

Je me rappelai les quelques mots que j’avais surpris pendant la conversation d’Ursule et de Gontran, et qui avaient si vivement excité ma jalousie.

Je frémis en songeant que ma cousine, habitant avec nous, verrait mon mari chaque jour. Je me persuadai qu’elle était convenue de ce voyage à Maran avec Gontran. Mon premier mouvement fut d’écrire à Madame Sécherin que nous allions quitter notre terre, et que nous ne pouvions la recevoir. Mais je n’osai pas prendre cette détermination sans en prévenir mon mari. Je me résignai à attendre son retour de la chasse.

Hélas ! à ces nouveaux ressentiments de jalousie je regrettai les deux mois que je venais de passer. Les chagrins qui les avaient assombris n’étaient rien auprès de ceux qui me seraient réservés, je n’en doutais pas, si ma cousine venait à Maran.