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cher dans l’accomplissement de ces pieux devoirs une distraction à mes chagrins.

Ma pauvre Blondeau me servit merveilleusement ; grâce aux renseignements qu’elle me donna, je pus soulager quelques souffrances. Dieu me récompensa ; au lieu d’être amère et poignante, ma tristesse devint mélancolique et contemplative. Je goûtais une sorte de calme, de repos ; je me consolais des manières brusques ou de l’indifférence de mon mari en songeant aux larmes que m’avaient méritées quelques bienfaits. Je me plaisais à associer Gontran à ces charités. Je donnais toujours en son nom, et j’éprouvais une touchante émotion à nous entendre confondre dans une bénédiction commune.

Plusieurs jours se passèrent ainsi ; mon mari menait toujours la même vie et ne semblait pas s’apercevoir du changement qui s’était opéré en moi ; il me dit seulement une fois : — Je vois avec plaisir que vous avez renoncé à vos folies, vous avez eu raison ; plus j’examine cette terre, plus je suis convaincu de faire une excellente affaire en nous en débarrassant.