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rapporte pas vingt mille livres de rente net d’impôts et de réparations ; l’habitation est incommode, les terres sont divisées ; somme toute, c’est un séjour très maussade ; eh bien ! en vendant Maran un million et en plaçant l’argent sur l’état ou sur la banque de France, cela nous ferait cinquante mille livres de rente au lieu de vingt à peine que rapporte cette terre.

— Vendre Maran ! mais vous n’y pensez pas… ce domaine est dans notre famille depuis si long-temps, ma mère l’a habité, je…

— Tous ces avantages chimériques ne valent pas le sacrifice de trente mille livres de rente, convenez-en.

— Mais qu’avons-nous besoin de tant d’argent ? ne pouvons-nous pas vivre avec ce que nous possédons déjà ?

— Enfant… — dit Gontran avec une compassion railleuse — vous n’entendez rien aux affaires ; on n’a jamais trop de revenus ; vous ne savez pas ce que coûte une maison, et d’ailleurs je veux que cet hiver à Paris nous recevions beaucoup et avec magnificence ; je tiens à prouver que la révolution de juillet ne nous a pas abattus comme on le croit.