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lus tenter un dernier effort, en m’adressant au cœur, à la générosité de Gontran.

— Sans doute, je ne puis pas vous forcer à faire ce que je désire, mon ami, mais je puis vous le demander comme une grâce… N’interprétez pas mal les paroles que je vais vous dire, mais votre refus me force à vous parler ainsi ; et j’ajoutai, je l’avoue, en tremblant et rougissant de honte : — Cette maison appartenait à mon père, et…

— Si c’est une manière indirecte de me faire sentir que vous m’avez apporté une grande partie de la fortune dont nous jouissons — répondit M. de Lancry avec le plus grand sang-froid — le reproche est délicat et de bon goût assurément ; mais il m’affecte peu. Depuis long-temps je l’attendais, cela devait arriver un jour ou un autre, c’est le refrain habituel des femmes, lorsqu’un mari prudent et ferme s’oppose à leurs fantaisies. Eh bien ! madame, que cette maison ait ou non appartenu à votre père ; que la fortune dont nous jouissons soit venue de votre côté et non pas du mien, il n’importe ; une fois pour toutes, rappelez-vous bien que nous sommes mariés,