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chegune réunissait toutes les rares qualités qui doivent inspirer la passion la plus vive…

Et pourtant, loin d’éprouver du regret en pensant que j’aurais pu l’épouser, je le sentais, à cette heure encore, j’aurais pu choisir entre lui et Gontran, que mon cœur eût toujours été pour Gontran.

Hélas ! cet aveu me coûte, il est sans doute le signe d’une nature mauvaise.

Aux yeux de la raison, de l’équité, il n’y avait pas de comparaison à faire entre M. de Lancry et M. de Rochegune quant aux qualités essentielles, et même quant à l’état qu’on faisait de chacun dans le monde.

Je ne m’abusais pas ; Gontran plaisait aux jeunes gens et aux femmes par ses grâces, par son élégance, par son esprit, par sa gaîté : mais on comptait sérieusement avec M. de Rochegune : il commandait cette déférence, cette grave considération qu’on n’accorde jamais qu’aux hommes d’une haute position ou d’un très grand caractère ; je ne parle pas même de sa naissance illustre, de sa brillante fortune, quoique ces avantages, joints à ceux