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plaît, plus on vous dispute son cœur, plus sa valeur augmente à vos yeux.

Je voulus tenter une dernière épreuve et voir jusqu’à quel point j’étais encore éprise de Gontran.

Plusieurs fois, pensant au dévoûment de M. de Mortagne, j’avais aussi songé à M. de Rochegune, à son affection si fervente… La sérénité même avec laquelle j’allais au-devant de ces ressouvenirs me prouvait combien ils étaient peu coupables.

J’éprouvais pour M. de Rochegune de l’admiration, du respect, un sentiment analogue à celui que m’inspirait M. de Mortagne, sentiment rempli de calme, de douceur. Quoique ses traits ne fussent pas d’une régularité parfaite, je leur trouvais une expression pleine de noblesse et de dignité. Quand je pensais à l’intérêt qu’il me portail à mon insu, depuis si long-temps, et dont il m’avait donné tant de preuves, quand je me rappelais toutes les belles actions qu’il avait faites, quand je réfléchissais qu’à cette compatissante bonté il joignait un courage à toute épreuve, un caractère ardent, chevaleresque, je reconnaissais que M. de Ro-