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et l’on redouble de persévérance ; l’on épuise ses dernières preuves d’affection, ses derniers dévoûments… l’on tente une dernière, une terrible épreuve… et comme le joueur s’est brisé contre un hasard stupide… vous vous brisez contre une stupide indifférence.

Alors vous n’avez plus rien… plus rien… alors votre cœur est vide, alors vous avez usé toute votre puissance d’aimer, alors il ne vous reste, comme au prodigue, que le regret éternel d’avoir honteusement dissipé de si magnifiques trésors…

Je n’en étais pas encore là… Tout en l’accusant, j’aimais toujours Gontran.

Quelquefois je le croyais occupé du souvenir d’Ursule, je concevais alors que la jalousie redoublât pour ainsi dire mon amour au lieu de l’attiédir.

La jalousie met en jeu les sentiments les plus violents, l’amour-propre, l’orgueil, la crainte, l’espérance… et l’amour vit surtout d’agitations.

La jalousie ne diminue pas la passion, elle l’augmente ; plus celui qu’on aime charme et