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domptables qui survivent chez les femmes aux dédains les plus barbares… D’enivrants souvenirs vous disent que le bonheur est là, dans un regard, dans un sourire, dans une parole de l’homme que l’on chérit… et l’on ne peut croire que tantôt, que demain, il ne nous adresse encore ce sourire, ce regard, cette parole, auxquels notre vie nous semble attachée.

Lorsque l’amour arrive à cet état d’exaltation fébrile, d’opiniâtreté désespérée, il a, ce me semble, tous les caractères de la fureur du jeu, telle que je l’ai entendu analyser…

Un gain passé vous donne une confiance aveugle dans l’avenir… malgré vous, votre espérance s’augmente de chacune de vos déceptions, chaque pas fait dans cette voie brûlante, douloureuse, semble vous rapprocher du but insaisissable que vous poursuivez : plus vos pertes se multiplient, dites-vous, plus vos chances de gain s’accroissent.

Le sort se lassera — dit-on — et l’on rassemble ses dernières pièces d’or… et le gouffre du hasard les engloutit encore… et l’on a tout perdu…

Il se lassera de me dédaigner — dit-on —