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tant ma vie, Gontran, voilà ma vie, et vous voulez que je vous égaie, que je sois riante, que je sois joyeuse… Est-ce possible ? Hélas… c’était votre bonté, votre amour qui faisaient ma gaîté d’autrefois.

— Enfin voilà le dîner — dit Gontran en entendant la cloche — j’aime beaucoup mieux aller me mettre à table que de vous répondre, car vous finiriez par me mettre hors de moi, et j’en serais désolé ; discuter avec vous à ce sujet, c’est se battre contre des moulins à vent.

On annonça que nous étions servis.

— Venez-vous — me dit Gontran.

— Excusez-moi, mon ami, je n’ai pas faim, je suis souffrante.

— C’est agréable, et surtout d’un excellent effet pour vos gens — me dit Gontran. — À votre aise… ma chère amie…

Il sortit pour aller se mettre à table…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Après le départ de mon mari, je rentrai dans ma chambre, et je fondis en larmes.

Rien n’avait pu le toucher ; j’en avais la certitude. Il ne soupçonnait même pas l’étendue