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cela de me trouver maussade ? Je rentre ; au lieu de vous voir une figure avenante, souriante, heureuse, je vous vois triste et sombre ; avouez au moins que ce n’est pas fait pour me mettre en train d’être aimable.

— Il est vrai, mon âme est désolée… je ne puis vous le taire plus longtemps — dis-je avec amertume ; car le ton persiffleur, ironique que Gontran affectait, me blessait encore plus que ses duretés. — Il n’y a rien de plus impatientant, je le conçois — repris-je — que de voir tomber les pleurs qu’on fait verser… Mais ce n’est pas ma faute… je ne puis plus, comme autrefois, sourire à chaque blessure.

— Eh bien ! soit, je me résignerai à vous voir toujours en larmes ; que voulez-vous que j’y fasse. Puis-je vous empêcher de vous trouver la plus malheureuse des femmes ?

— Gontran, soyez juste, mon Dieu… Voyons, quelle est ma vie ? Qu’êtes-vous pour moi ?… ou plutôt, que suis-je pour vous ? Bonjour, bonsoir… Ma chasse a été bonne ou mauvaise… Jouez-moi cet air sur votre piano… Faites écrire à nos fermiers en retard… Voilà pour-