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— Ce que vous dites là est horrible — repris-je après un moment de stupeur — c’est moi que vous accusez !… moi, la victime de toutes les calomnies de cet homme. Allez, Gontran, je ne sais quel sort me menace dans l’avenir… mais pour ce soir, rassurez-vous, je n’éclaterai pas en sanglots, vous pourrez dîner tranquille ; j’ai tant pleuré déjà, que mes larmes se tarissent. Le malheur m’a donné de la raison. Je ne vous ferai pas de reproches, ils seraient inutiles ; je veux seulement vous apprendre que je souffre, que je suis résignée… mais non pas insensible à votre indifférence.

— Allons, parlez — dit M. de Lancry, en se levant brusquement et en marchant à grands pas. — J’ai fait tout ce que j’ai pu pour tourner ceci en plaisanterie, je ne pourrai pas échapper à une scène. Ce matin j’ai fait une mauvaise chasse, la fin de la journée sera digne du commencement. Voyons, dites… finissons… Vous savez pourtant que je n’ai qu’un désir, celui de vivre en repos et de vous voir heureuse…

— Je vous remercie de vouloir bien m’en-