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doit me suffire — et je portai mon mouchoir à mes yeux.

Gontran avait trouvé fort naturelles et fort peu blessantes les réponses qu’il venait de me faire.

Il parut aussi surpris que contrarié de me voir pleurer.

— Ah çà — me dit-il avec impatience — à qui en avez-vous ? Nous sommes à causer là tranquillement, et vous voilà en larmes ? Mais à propos de quoi ? C’est donc une scène que vous voulez me faire ?

— Une scène ? non, Gontran ; non, je n’ai rien à vous dire, puisque depuis notre arrivée à Maran vous ne vous apercevez pas du contraste qui existe entre la vie que nous menons et celle que nous menions à Chantilly.

— Ah !… nous y voilà !… Chantilly, encore Chantilly, toujours Chantilly ! Vous n’avez que ce mot à la bouche comme un reproche. Mais savez-vous qu’à force de me parler ainsi de ce temps-là vous finirez par me faire prendre en grippe le souvenir de cette ravissante lune de miel. — Et il ajouta en riant de cette plaisanterie :