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château ; vous êtes toujours jolie comme un ange, comment voulez-vous que le temps me pèse ?

Mon mari me parlait avec tant de sincérité, avec tant d’abandon, il paraissait trouver sa conduite si simple, si naturelle, qu’il ne soupçonnait évidemment pas le chagrin qu’il me causait.

Cette pensée adoucit l’amertume de mes reproches.

Je regardai Gontran fixement ; je lui dis avec émotion : — Et moi… Gontran, me croyez-vous heureuse ?

À demi couché sur le canapé, il me répondit en frappant négligemment du bout de son fouet sur ses bottes :

— Vous ? je vous crois, ma foi, très heureuse, aussi heureuse que vous pouvez l’être avec votre diable de petit caractère… Que vous manque-t-il ?

— Rien, vous avez raison, Gontran… Je vous vois le matin à l’heure du déjeuner… puis le soir à table… quelquefois une heure ou deux le dimanche… lorsque vous me faites mettre au net votre livre de chasse.