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preniez pas le culte du passé… il est souvent la seule consolation des jours présents.

— Ah ! si vous allez commencer à faire de la métaphysique de sentiment… j’y renonce… la vie que je mène est peu faite pour développer l’intelligence.

— En effet, depuis quelque temps, Gontran, vous agissez, je crois, beaucoup plus que vous ne pensez.

— Dieu merci ! j’avais toujours rêvé quelques mois d’une vie toute matérielle, dans laquelle la bête, comme on dit, prendrait le dessus. Eh bien ! cette vie, je la mène, et je m’en trouve à merveille… Il n’est pas jusqu’à ces superfluités d’élégance, de recherche de toilette que je n’aie mises bravement de côté. J’étais un véritable sybarite ; me voici, à cette heure, un véritable Spartiate, un ours, un sauvage. Eh ! ma foi, je trouve fort commode d’être ainsi au vert pendant quelque temps… de rester grossière chrysalide jusqu’au moment où il me prendra la fantaisie de me transformer de nouveau en brillant papillon… Mais sonnez donc, je vous prie, je veux dire à Hébert (c’était notre maître d’hôtel) de me mettre une