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En le voyant ainsi avec ses vêtements couverts de boue, sa barbe longue, ses cheveux en désordre, qui s’échappaient de sa cape de chasse qu’il gardait sur sa tête, je pouvais à peine le reconnaître, lui que j’avais toujours vu d’une si exquise élégance.

— Sonnez donc, ma chère, qu’on nous fasse dîner le plus tôt possible, j’ai très faim — dit Gontran en se retournant sur le canapé, puis, attirant du bout de son pied une petite chaise de tapisserie, il y allongea ses bottes couvertes de fange.

— Ah ! m’écriai-je en courant à lui — grâce pour cette chaise, elle a été brodée par ma mère, prenez un autre tabouret, je vous en prie.

Gontran haussa les épaules, s’établit sur un autre siège, et me dit :

— Mon Dieu ! que vous êtes donc singulière avec vos affectations, je vous demande un peu ce que cela fait à la mémoire de votre mère que je mette ou non mes pieds sur cette chaise.

— Je m’étonne, mon ami, que vous ne com-