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sait trois fois par semaine à courre, trois fois à tir. Il se reposait le dimanche, c’était le seul jour qu’il passait près de moi.

Habituellement, il partait après déjeuner, je ne le revoyais que le soir au retour de la chasse. Nous nous mettions à table, il dînait longuement, me parlait peu, buvait souvent trop pour sa raison, et, l’avouerai-je, hélas ! il lui fallut quelquefois l’aide d’un de nos gens pour regagner son appartement, qui était contigu au mien…

J’avais toujours vu mon mari d’une recherche, d’une élégance extrême ; seul avec moi, il se négligeait comme à plaisir. Il ne semblait vivre que pour la chasse et pour la bonne chère.

Oh ! honte ! oh ! profanation ! Quant à moi, je n’étais plus pour lui qu’une des conditions de sa vie grossière et sensuelle.

Longtemps je souffris en silence de cet abandon, de ce changement dans ses manières, qui, au moins, jusqu’alors, avaient toujours été parfaites.

Cette existence solitaire sur laquelle j’avais