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Si je l’interrompais au milieu de ses réflexions, il me répondait avec aigreur, ou se levait avec impatience sans me dire une parole, comme si je l’avais distrait d’une chère et douce rêverie.

Ce qui me donnait pourtant quelquefois une lueur d’espoir, c’était le brusque changement de mon mari à mon égard. Un refroidissement successif m’eût effrayée davantage, il eût été plus naturel.

Ce fut un jour fatal que celui où j’eus la conviction que Gontran ne m’aimait plus d’amour ; dès-lors il ne crut même plus nécessaire de garder envers moi ces formes de bonne compagnie, ce respect des bienséances que tout homme doit aux femmes, même à la sienne.

Dès lors plus de douces prévenances, plus d’épanchements de cœur, rien qui prouvât en lui le désir ou le besoin de me plaire.

Quelques mots sur la nouvelle existence que menait Gontran sont indispensables.

Depuis notre établissement à Maran, il avait fait venir des chiens et des chevaux de chasse d’Angleterre. Il avait loué une des forêts de l’État qui touchait à nos propriétés, il y chas-