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vertus que j’avais, et à jalouser les vices que je n’avais pas.

Hélas !… hélas !… c’est qu’aussi les hommes ne savent pas qu’en affichant certaines préférences… ils dépravent souvent les plus fières, les plus généreuses natures… ils ne savent pas que lorsqu’on aime avec passion, avec délire, on veut plaire avant tout et à tout prix, et que si vertueuse que l’on soit, on blasphème quelquefois les qualités les plus nobles comme inutiles et vaines, lorsqu’on se voit sacrifiée à des femmes qui n’ont pour séduire qu’hypocrisie, audace et corruption !…

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Puis, comme toujours… après ces abattements, après ces humiliations impitoyables que je m’infligeais, venaient des exaltations toutes contraires, une réaction d’orgueil insensé.

Je me demandais en quoi ma cousine pouvait m’être comparée, quelles garanties de bonheur elle aurait pu donner à mon mari… Mais je retombais bientôt, écrasée sous le poids de cette horrible pensée : — Qu’importe… s’il l’aime ainsi ?…