Page:Sue - Mathilde, tome 3.djvu/258

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je me crus enlaidie, attristée, appauvrie, je me demandai s’il me restait assez d’avantages pour plaire à mon mari durant les longs jours que nous allions passer dans la solitude ; puis cet entretien de l’allée, qu’un moment j’avais oublié, me revenait à la pensée.

J’en venais à exagérer mes imperfections, à dénaturer mes avantages, à envier l’esprit, le caractère d’Ursule, à envier aussi sa physionomie tour-à-tour animée, coquette, touchante, mélancolique ou naïve…

Sans orgueil insensé, je me savais plus régulièrement belle que ne l’était ma cousine, je me savais des qualités solides, un cœur loyal, une franchise à toute épreuve, un dévoûment sans bornes pour mon mari, dévoûment déjà éprouvé et qui n’avait jamais failli… Je ne pouvais douter qu’Ursule ne fût menteuse, dissimulée, qu’elle n’eût un profond mépris pour tout ce que révèrent les âmes honnêtes et élevées.

Eh bien ! lorsque je pensais qu’elle plaisait peut-être à Gontran, je me prenais à regretter de ne pas ressembler à ma cousine…

Oh ! sacrilège… j’allai jusqu’à dédaigner les