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et il n’éprouverait alors pour Ursule que du mépris.

Par quel étrange contraste cet accès de folle confiance succéda-t-il au plus douloureux accablement ? C’est ce que je ne puis dire.

Avant de quitter Rouvray, je voulus aller faire mes adieux à madame Sécherin.

Je la trouvai calme, digne et forte ; elle me tendit la main, je la baisai pieusement.

— Ce soir — me dit-elle — mon fils et cette femme quitteront cette maison, j’y vivrai désormais solitaire en attendant mon fils. Oui, — reprit-elle en voyant mon air étonné — un jour mon fils me reviendra, le bon Dieu me le dit… Il me laissera sur la terre assez longtemps encore pour voir mon enfant bien malheureux, mais aussi pour le consoler.

Je fus frappée de l’accent presqu’inspiré avec lequel madame Sécherin prononça ces dernières paroles.

Elle ajouta en me regardant avec compassion :

— Vous êtes bonne et généreuse, vous êtes convaincue comme moi, j’en suis sûre, que cette femme est une indigne, mais vous n’avez