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gnais depuis quelques moments me bouleversèrent tellement, que, sans penser que je dévoilais mon espionnage en sortant brusquement de la cachette où j’étais jusqu’alors restée, j’entrai dans l’allée.

Ursule et Gontran étaient très loin, à l’autre extrémité.

Je vis M. Sécherin venir à eux et les accompagner du côté de la maison.

Je respirai plus librement, je restai quelque temps encore dans le jardin.

Par une bizarre, une inexplicable mobilité d’impression, une fois qu’ürsule eut disparu, peu à peu le calme rentra dans mon cœur ; j’eus honte de ma faiblesse, je me reprochai de flétrir, de gaîté de cœur, le bonheur que la Providence m’envoyait ; n’allais-je pas être seule à Maran avec Gontran ? les beaux jours du chalet de Chantilly n’allaient-ils pas renaître ? L’hiver était bien loin encore, si je redoutais la coquetterie d’Ursule envers mon mari, je trouverais mille moyens de l’éloigner ; enfin, s’il fallait arriver à ces extrémités, je raconterais à Gontran l’aventure de M. Chopinelle,