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j’avais voué ma vie, à qui je n’avais donné jusqu’alors que de l’amour et du bonheur ; Gontran pour qui j’avais déjà tant et tant souffert, aurait-il jamais le courage, la cruauté de m’oublier pour elle ?…

Non, non, cela est impossible, m’écriai-je ; je ne sors pas d’un abîme de chagrin et de désespoir pour retomber à l’instant dans un abîme plus profond encore.

Non, non, cela est impossible. Gontran est arrivé hier, il repart ce matin ; il est impossible que dans un entretien d’une heure il ait voulu plaire, il ait plu à cette femme, et que déjà il songe à me tromper.

Ursule est bien audacieuse ; mais la femme la plus éhontée garde des dehors. Et puis à ces lueurs d’espérances succédaient des doutes accablants. Tout ce que m’avait dit madame de Richeville du caractère égoïste et léger de Gontran me revenait à la pensée.

Ursule me paraissait de plus en plus séduisante et dangereuse. Si mon mari la rencontrait à Paris, sous le prétexte de notre amitié, ne pourrait-elle pas venir souvent chez moi ?

Cette idée et les émotions que je contrai-