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même un mouvement pour m’en aller, mais une funeste curiosité me retint.

Je les entendis se rapprocher de nouveau.

Mon cœur commença de bondir avec force, on eût dit que chacun de ses battements se réglait sur le bruit léger et mesuré de leurs pas.

Cette fois j’entendis la voix de Gontran.

Oh ! je la reconnus cette voix d’un timbre si charmant ; il parlait, ce me semble, avec une expression remplie de grâce et tellement bas, que je n’entendis que ces mots :

Vous souvenez-vous, dites, vous souvenez-vous ? Oh ! vous étiez si

Le reste de la phrase fut perdu moi.

Ils s’éloignèrent encore.

Hélas ! dans ces mots de Gontran, il n’y avait rien non plus qui pût me donner lieu de le soupçonner ; pourtant ; en songeant à qui ils étaient adressés, ils me firent un mal affreux.

Quels souvenirs évoquait-il ? Pourquoi demander à cette femme si elle se souvenait ? De quoi pouvait-elle se souvenir ? Alors je me souvins, moi, que pendant un mois avant mon